Hugo in big Apple – EP:1

Vous l’aurez peut-être remarqué, aujourd’hui je vous propose des épisodes sur Predgi.

Cette idée m’est venue lorsque Hugo, mon cousin, m’a annoncé l’année dernière qu’il partait se former en tant que musicien professionnel à New York. Lui qui est un mordu de musique depuis toujours, j’avoue ne pas avoir été très surprise par sa décision… J’étais même fière de savoir qu’une partie de ma famille rayonnerait dans la grande pomme !

A travers ces quelques lignes, je vous emmène dans le quotidien de mon cousin. Ce petit carnet de route se composera de 2 ou 3 articles sur « l’american dream » d’un batteur romand.

Avant d’aller plus loin, laisser-moi vous présenter en quelques mots Hugo Matile.

Né le 25 avril 1999 dans la région neuchâteloise, Hugo a toujours baigné dans la musique. Son papa, lui-même un grand fan de jazz, et excellent guitariste à ses heures perdues, lui fais écouter les standards.

C’est assez naturellement qu’il se met à la batterie. Après plusieurs années de cours et beaucoup d’autodidaxie, il se perfectionne et se produit petit à petit dans des clubs de jazz genevois. Après un CFC en dessinateur en bâtiment en 2020, il décide de se consacrer entièrement à sa passion ; le jazz, la batterie et la vie d’artiste.

Pour continuer dans son perfectionnement, Hugo suit une année à l’AMR de Genève, une école de jazz, qui encourage tout artiste à se développer dans le monde musical. C’est à cette période qu’il rejoint le groupe Azur Jazz et se produit sur quelques scènes romandes (dont celle de l’Alhambra à Genève). Le but de cette année ? Se perfectionner un maximum sur le terrain. « Jouer sur scène est la meilleure formation possible ; il n’y a que comme ça que l’on découvre la vraie vie de musicien » .

C’est en été 2021 qu’il est approché par « sa bonne étoile » qui le mènera au casting de l’école « New School » de New York.

Casting passé par zoom dû à la pandémie, Hugo reçoit rapidement un retour positif pour de la nouvelle volée 2021-2022.

« Une nouvelle de la sorte… ça vous secoue, ça booste et ça donne des étoiles plein les yeux ! »

– Novembre 2021, départ de Genève, aller simple pour New York City –

Seulement, ce début de formation, Hugo le passe dans sa chambre en suivant ses cours en ligne. Cette nouvelle vie d’étudiant n’est pas forcément des plus enthousiasmante… Heureusement, mi-février, les apprentis musiciens retrouvent les bancs de l’école pour le plus grand plaisir de tous. « J’ai enfin rencontré mes camarades de classes et pu interagir avec eux ! C’est bien plus agréable que par écrans interposés. » La vie américaine commençait enfin.

Quels sont tes ressentis / observations après ces premiers mois de formation ?

La mentalité américaine est bien différente qu’en Suisse ou que celle européenne. A New York, ton travail passe avant tout ; c’est d’abord le job et après le plaisir. Dans notre mentalité européenne, travail rime avec plaisir. J’entends par là que l’on s’autorisera plus facilement des moments de détente à côté de sa vie professionnelle (ex : aller voir ses amis, faire du sport, etc.). Typiquement, aux Etats-Unis, il est rare de voir des groupes d’étudiants se retrouver à un bar après les cours… alors que chez nous, c’est très courant ! Au début ça m’a un peu dérouté ; j’ai proposé à des connaissances d’aller discuter autour d’une bière et j’ai bien vu que ce n’était

Ce qui m’a beaucoup troublé, c’est la catégorisation de la population. Lorsque nous avons dû nous présenter en classe, j’ai été très surpris des réponses des étudiants américains. Chacun se définissait comme américain « blanc » ou « noir » et par son origine. Afro-américain, latino-américain, asiatique-américain… Aucun ne se définissait simplement comme un « américain ». Quand ce fut mon tour, j’ai simplement dit « je suis suisse ». Avec d’autres élèves européens, nous avons expliqué à nos camarades américains que ce n’était pas dans nos habitudes de catégoriser les personnes par leur couleur de peau… En Suisse, lorsqu’on se présente, en aucun cas nous dirons je suis un suisse « noir » ou une suissesse « noire », ce genre de propos peuvent même être très mal interprété… Et puis, après plusieurs semaines aux Etats-Unis, j’ai compris d’où venait cette catégorisation constante. Depuis toujours, la musique est source de revendication dans l’histoire américaine. Le blues, le jazz, le funk, le hip-hop, le rap… Tous prônent les mêmes valeurs ; la revendication, la fierté de ses origines et de sa personne. A chaque époque son style musical. Le blues a laissé sa place au jazz qui lui ensuite est passé dans les années 70 au funk, puis est devenu le hip-hop dans les années 1990 et ces dernières années le rap.

Petite recontextualisation:

A l’origine, le blues est né des chants des travailleurs, notamment des esclaves noirs, qui chantaient des chansons chargées de contenus émotionnels forts. Dans les années 40, plusieurs quartiers de population afro-américaine se sont formés à travers les Etats-Unis regroupant ces anciens esclaves. Cela n’a fait que d’évoluer le blues vers une style plus urbain. Avec le temps, le blues a évolué et laissé place à d’autres styles. La musique actuelle regorge d’histoires du passé, forte en émotion et en évolution.

Cette revendication se retrouve dans la musique mais également dans l’art et dans l’influence sociale ; c’est très flagrant quand tu rencontres des habitants américains.

Je voulais également relever la place de la musique dans la vie quotidienne. Dans la culture afro-américaine, qui est une des plus représentés aux Etats-Unis, la musique fait partie intégrale du mode de vie. En Suisse, la musique n’est pas source de revendication ou de dénonciation. Ici, c’est l’inverse. La musique permet une certaine émancipation de la population. La niaque de réussir dans le monde musical est énorme aux Etats-Unis. Un musicien professionnel n’est pas soutenu par l’Etat, c’est à lui de faire ses preuves et se « débrouiller ». En Suisse, les musiciens professionnels sont soutenus par notre gouvernement… ça change la donne !

D’ailleurs, cette musique est presque devenue mienne depuis le temps. Seulement, je ne me sens pas toujours très légitime de jouer ces accords… Ce n’est pas mon histoire, ni ma culture. J’essaie d’apprendre un maximum en jouant dans des clubs, dans un groupe et à travers les cours de mon école. C’est une expérience de vie folle qui m’ouvre les yeux sur tellement de choses ! Le quotidien n’est pas rythmé de la même manière qu’en Suisse.

Après ces premiers mois d’expérience, j’ai intégré un groupe de musique avec lequel je m’entraîne et joue tout le temps. Je m’éclate, ça me permet de rencontrer plein de gens et de m’intégrer encore plus dans le monde du jazz américain.

Qu’est-ce que tu te réjouis de retrouver en rentrant fin mai ?

Le Gruyère !! (rire)

Je rigole… ma famille et mes amis bien sûr ! ça fait plus de 6 mois que je ne les ai pas vu. Et je dois dire que la nourriture me manque aussi… Nos plats sont très influencés par la nourriture italienne, française… Aux Etats-Unis, la nourriture est vraiment différente et j’ai de la peine à m’y habituer. Je n’ai jamais dit ça mais…Je me réjouis de remanger des légumes ! (rire)

C’est avec ces premières lignes que je conclue le premier épisode d’HUGO IN BIG APPLE.

Loin d’être une personne qui se met en avant, Hugo a préféré me parler du monde qui l’entoure, des changements de culture et de ses ressentis dans ce nouvel environnement. Il est important de ne pas oublier les origines de la musique. L’histoire de la musique jazz porte dans ces accords et paroles un passé lourd qui, je l’espère, vous aura touché, intrigué ou tout simplement fait penser à vos cours de musique en école obligatoire !

L’épisode 2 arrivera courant de cet été, lorsque la famille sera au complet ! 🙂

En attendant, vous pouvez suivre Hugo sur son compte instagram juste ici : @hugo.matile

A très vite sur predgi,

N’hésitez pas à me dire si ce nouveau format vous plaît !

Juju

Fière de toi cousinou, vivement que tu me racontes la suite de cette aventure !