Percé et bien élevée !

Pour continuer sur ma lancé, je vous propose un nouvel article de la catégorie « Les portraits de Predgi ». Rencontre avec une personnalité devenue une référence dans son domaine. Je vous emmène à la rencontre d’Inès, créatrice de NoName piercing à la Ruelle des Chaudronniers. Figure emblématique du piercing dans la région, j’ai demandé à Inès de me raconter son parcours, ses ressentis sur les changements de mode et sur la clientèle au fur et à mesure des années.

Depuis toujours, Inès est fascinée par le milieu artistique. Lorsqu’elle sort diplômée de l’académie de Meuron, elle se passionne pour le dessin et imagine une façon de promouvoir ses esquisses. C’est assez naturellement qu’elle se penche sur le dessin de tatouage. D’abord engagée pour redessiner quelques projets dans un salon de tatouages renommé de Lausanne, elle devient rapidement l’hôte d’accueil et la petite main à tout faire. « Je m’occupais d’accueillir les gens, de faire le ménage et aussi de temps en temps de retoucher quelques projets de tatouages… Je faisais un peu de tout ! » C’est en baignant dans ce milieu qu’elle découvre le piercing. Elle commence à s’y intéresser de plus en plus jusqu’à finir par se former. C’est sur le terrain qu’elle apprendra les astuces et les manières de perçage. Passée d’hôtesse d’accueil à perceuse professionnelle, Inès décidera de se lancer à son compte après quelques années de loyaux services à Lausanne.

« Quand j’ai découvert le piercing, j’ai croché directement. C’est plus dynamique que le tatouage. Dans une journée, je vois plus de clients et le partage est différent. »

Il y a plusieurs années, le piercing et le tatouage étaient très souvent lié au mouvement punk/rock. Associé aux « mauvais garçons », ce style questionnait et dérangeait facilement. Ce n’est qu’avec le temps que cette idéologie a commencé à changer. La femme était d’ailleurs très peu présente dans ce monde ; il était difficile de se faire une place et une crédibilité en tant que perceuse.

Bien déterminée à se faire un nom, Inès ouvre son premier salon de piercing au début des années 2000 à Neuchâtel. Seulement, son local devient rapidement trop petit. La renommée d’Inès s’agrandit au fil du temps et sa clientèle aussi ! Elle me raconte, avec un grand sourire rempli de nostalgie, que la file d’attente s’étalait sur plusieurs mètres le long du trottoir… « ça devenait compliqué, des gens se plaignaient à force ! Très vite, j’ai dû chercher un endroit plus grand. »

Grâce à une connaissance, elle s’installe dans un petit endroit à la Ruelle des Chaudronniers. Le local est plus grand et plus agréable pour travailler. Peu de temps après, sa voisine de palier lui propose de reprendre son local sur deux étages juste en face du sien. C’est sans hésitations qu’Inès accepte. Elle installe son salon de piercing dans ce grand espace et garde son petit local d’origine pour créer un endroit dédié au tatouage. 21 ans plus tard, sans aucune interruption, NoName Piercing occupe toujours les lieux.

Lorsque vous entrez chez NoName piercing, une atmosphère chaleureuse et naturelle se dégage. Ici, pas de chichi ! L’une des valeurs du salon est « traite les gens comme tu aimerais être traité ! »

« J’essaie toujours d’informer un maximum mes clients. Quand je vois des adolescents arriver avec leurs parents, je veux que le parent se sente en confiance ; les salons de piercing ont encore une connotation de « rebelle » pour certains, je prends le temps d’expliquer la manière de faire et surtout de mettre à l’aise les personnes. »

Quels sont les changements que tu as constatés après plus de vingt ans d’expérience ? 

Tout d’abord, le piercing est devenu un phénomène de mode ! Tu paies un piercing comme tu achètes des fringues. Le monde du piercing et du tatouage a énormément évolué. C’est devenu un vrai style de vie. Avec les réseaux sociaux, tout le monde à accès à ces tendances. Bien sûr, j’ai vu l’âge de ma clientèle diminué, j’ai de plus en plus de jeune. Avant la majorité, je demande constamment l’accord des parents (parfois ils viennent avec). Mais dès 18 ans, beaucoup de jeune viennent faire la queue dans mon salon. D’ailleurs, cet effet de mode a aussi eu un impact dans le monde des bijoux ; la gamme que je propose à mes clients n’est pas celle que j’avais il y a vingt ans ! Ce n’est plus autant « masculin » qu’il y a quelques années, maintenant il y a de tout. Homme et femme peuvent trouver leur bonheur.

Avec la démocratisation du piercing, cette étiquette de mouvement punk/rock qui colle à la peau des salons s’estompe gentiment. Cela devient presque « normal » d’être percé de nos jours. Et c’est tant mieux !

Ce qui a bien changé ce sont les lois et les règlements. Neuchâtel est devenu le premier canton à instaurer des autorisations pour ouvrir un salon de tatouage et/ou piercing. Dans un premier temps, cette loi a été instauré pour éviter toute activité non déclarée. Seulement, la liste de protocole est apparue très stricte et a fait fuir énormément de mes collègues qui tenait des salons. C’est dommage ; bien que des protocoles d’hygiène soit nécessaires dans un métier comme le nôtre, il y a plusieurs aspects qui ne sont pas cohérent avec la réalité. C’est clairement l’élément le moins positif de ces dernières années… Je ne suis pas forcément en accord avec tous ces règlements et j’essaie de me faire entendre.

Lorsque je parlais de style de vie et d’influence, je pensais également au monde du tatouage. Là aussi le milieu à énormément changé ! Comme le piercing, il est devenu à la portée de tous. Toutefois, il s’est démocratisé en créant des tatoueurs à « style ». Je m’explique : Il y a plusieurs années, lorsque tu entrais dans un salon de tatouage et demandais une fleur, une tête de mort ou un papillon, le tatoueur te le faisait. Maintenant, chacun à son propre style et tous ne sont pas d’accord de tatouer n’importe quel projet. C’est clairement l’effet de mode qui a créé des tatoueurs à « style ». Tu trouveras des salons qui dessines seulement des projets très fins et d’autres des dessins plus épais… Avec le temps, il faut choisir sont tatoueur en fonction de son style, c’est moins « spontané » qu’à l’ancienne.

Pour terminer, un autre changement flagrant est l’histoire ou la signification d’un piercing. Avant cette démocratisation, se faire percer et/ou tatouer évoquait couramment une nouvelle étape de vie ou une histoire personnelle. Aujourd’hui c’est un peu moins fréquent. On se fait percer parce que c’est tendance. Mais je dois dire que je suis très heureuse du chemin parcouru ces vingt dernières années, j’ai rencontré de magnifiques personnes et j’en suis très reconnaissante. Bien qu’il y ait de la concurrence avec quelques salons de la région, j’ai su me crée une clientèle fidèle et ça, ça n’a pas de prix !

Avec plus de vingt années de métier au compteur, Inès est devenue la référence du piercing dans la région neuchâteloise. Plusieurs clients se déplacent d’autres cantons pour passer entre ses mains.

Depuis que je suis petite, NoName piercing fait partie des endroits incontournables de ma ville et je suis fière de pouvoir parler de ce salon et de sa gérante. Depuis mon adolescence je suis attirée par les piercings et les tatouages. Cette tendance est apparue quand j’avais environ 15 ans lorsque Rihanna à commencer à s’afficher avec plusieurs trous aux oreilles. Toutes mes copines se rendaient chez Inès pour lui ressembler. Et vous imaginez bien, moi aussi je voulais ressembler à Riri ! Mais problème, j’étais une vraie une chochote.

Pour la petite anecdote, je suis allée chez Inès avec mon père pour me faire percer les lobes des oreilles (je devais avoir entre 11-12 ans) et résultat : je suis ressortie avec les points de stylos sur les lobes sans avoir fait les trous… Quel échec cuisant !

Avec les années, mes oreilles se sont bien remplies… Avec la constante bienveillance d’Inès, j’ai toujours été rassurée lorsque je passais le pat de porte du salon. Cependant, j’ai toujours bien réfléchi avant de me lancer. Certes un piercing peut s’enlever, mais il ne faut pas oublier que c’est un « trou », un corps étranger dans notre peau ; ce n’est pas rien !

Il s’agit d’un « acte invasif » ; autrement dit une pratique de modification corporelle qui nécessite de transpercer la peau (ou la muqueuse). Cet acte peut être une entrée potentielle d’agents infectieux lors de la réalisation ou de la cicatrisation. Il y a un certain nombre de précautions à prendre en compte.

Si vous décidez de passer le cap du percage, n’hésitez pas à vous renseigner et poser vos questions à Inès ou à l’accueil du salon. Vous serez conseillé et guidé par des professionnels. C’est important d’être un minimum informé ! Un grand merci pour cette chouette rencontre ma chère Inès ! Ton franc parlé et ta spontanéité font qui tu es aujourd’hui. Bravo ! Et merci de s’occuper de nos oreilles, nos nez, nos langues… Bref d’être toujours disponible et prête à nous conseiller, aiguiller lorsqu’on a des idées un peu trop farfelues… Si ta clientèle te suit depuis autant d’années c’est qu’elle sait qu’elle sera entre de bonnes mains.

 

Pour terminer cette entrevue, j’ai demandé à Inès :

Quel est ton endroit favori à Neuchâtel ?

Je ne vais pas répondre le salon, ça serait trop facile (rire). Je dirais le bord du lac, le long des quais.

Pourquoi ?

Je fais tout à vélo ; je passe presque tous les jours par-là, c’est vraiment agréable. Encore plus en été ! La vue est apaisante.

A travers ces lignes, j’espère vous avoir fait découvrir, ou redécouvrir une personnalité attachante et pleine de vie. D’ailleurs, je suis sûre qu’une partie de mes lecteurs est passé entre les mains d’Inès… Pas vrai ?

Au plaisir de vous retrouver sur Predgi !

Juju

Âmes sensibles, la vidéo qui suit n’est pas faite pour vous ! … 🙂