La Bolivie – À l’opposé de nous

Je voulais dédier cet article au pays qui m’a le plus dérouté et touché émotionnellement. La Bolivie. Située au milieu du continent, cette région, riche en histoire et culture, paraît arrêtée dans le temps. Après avoir parcouru des pays développés comme l’Argentine et le Chili, j’ai été impressionnée par le contraste avec la Bolivie. Ici, beaucoup de traditions ancestrales sont dans les mœurs et se pratiquent encore. Des habitudes parfois troublantes et quelque peu…. À l’opposé de nous ! 😉

Lors de mon dernier article, je vous ai laissé avec mes aventures à San Pedro de Atacama au Nord du Chili. Vous vous souvenez ? 
Depuis ce lieu, un nombre incalculable d’agences proposent la fameuse excursion à ne pas louper…. Celle du désert d’Uyuni. 
Ce désert de sel est le plus grand du monde et recouvre plus de 12´000 km2. Il fait partie de la région de Potosi à la frontière chilienne.

Comme tous les backpackers, nous avons choisi de partir avec un guide durant 3 jours d’excursion à la découverte de cet endroit complètement surréaliste. Ici, pas de connexion, peu d’habitants mais beaucoup de lamas, de flamants rose et des lagunes. 

Dès notre arrivée dans notre Jeep tout-terrain, nous avons fait la rencontre de nos compagnons de voyage. Deux Belges, un Italien et un Brésilien… Allez savoir, une petite étoile devait certainement scintiller en dessus de nous pour qu’une amitié s’installe rapidement. Nous avons passé 3 jours à rire, à se raconter nos vies, nos voyages et surtout découvrir des lieux insolites. 

Couper du monde, nous avons découvert un nouveau mode de vie, une nouvelle population et culture. La Bolivie est encore très influencée par son passé colonial et inca. Les offrandes, les autels, les fleurs, les chants, tout y passe. C’est d’ailleurs l’un des points qui m’a le plus impressionné. Le contraste avec notremode de vie. 

Nous avons été logé deux nuits dans des auberges perdues au milieu de la nature et accueilli par des hôtes à la fois très agréables mais à la fois très timides. C’est comme s’il y avait une barrière entre eux et nous (et je ne parle pas de la langue). Leur quotidien, leur habitation, leur moyen de transport, rien n’est comme en Europe. Ici, on prépare à manger sur des cuisinières plus que précaires et on fait sécher le bout de viande achetée chez le « boucher » du coin sur la même corde à linge que les habits… Plusieurs habitudes locales impensables pour nous. 😅

La gentillesse des hôtes et des guides a tout de même rendu cette expérience magique A chaque étape du trajet, nous avions droit à des explications et anecdotes. Mon appareil photo n’a pas chômé tout comme ma boîte à souvenirs. 

Le trajet s’est terminé dans la ville d’Uyuni, un endroit divisé entre rénovations, abandon et vie touristique. C’était un peu bizarre de revenir à la « civilisation » après 3 jours de mode avion. C’est d’ailleurs ici que nous avons vraiment découvert la vie bolivienne. 

Très vite, j’ai remarqué la différence des constructions à celle des pays voisins. Beaucoup de bâtiments étaient à peine construits, complètement vides et à moitié peints. C’est comme si la ville voulait rendre l’endroit attractif au vue du nombre de touristes en transit…Et que d’un autre côté le manque de moyens stoppait immédiatement les chantiers. J’ai trouvé cela un peu glauque par moments !

Notre guide nous a fait croire que la ville ne faisait que s’agrandir et que tous les habitants construisaient dans les alentours… Une remarque difficile à croire aux vues du nombre de chantiers abandonnés sur la route…

Ce n’est d’ailleurs pas la seule affirmation d’un local qui sera difficile à croire durant les jours à venir.
Après notre halte à Uyuni, nous avons pris un bus de nuit direction la capitale, La Paz. En Bolivie, c’est simple, il n’y a PAS de trains (comme dans la plupart des autres pays !). Nous nous déplaçons essentiellement en bus. Les routes sont très mauvaises et passent à travers les montagnes. De ce fait, les trajets sont très longs et c’est pourquoi la plupart se font de nuit. 

Arrivée à la capitale après une nuit abominable sur nos sièges (et je pèse mes mots), nous nous sommes rendu dans notre Airbnb pour une seule mission… DORMIR  😂. Nous avons fait 4 jours dans la capitale dont 2 où nous étions malades … 

On l’oublie souvent mais La Paz est perchée à 3’500 mètre d’altitude ! C’est de la folie.. et impensable pour nous de construire une ville de plusieurs millions d’habitants si haut ! 😅 Cette info, nos cerveaux l’ont vite oublié… Dès nos premiers pas dans la ville, nous avons marché comme d’habitude (soit d’un pas décidé) et rapidement, les essoufflements et vertiges se sont fait ressentir. Il nous a fallu plusieurs jours d’adaptation.

Pour être honnête avec vous, je n’ai pas du tout aimé ce lieu. La ville est si dense et surpeuplée ! Il y a du monde… partout ! Le trafic routier est digne de celui de New Delhi, les gens ne sont pas aimables et assez intrusifs. Ça crie de partout, ça essaie de te vendre n’importe quoi n’importe quand … Bref, un joyeux bordel à 3’500 mètres d’altitude. 

Passé les vertiges et nuits aux toilettes et afin d’en savoir plus, nous avons fait un tour guidé de La Paz. Nous avons eu les explications de plusieurs traditions, telles que celle des « Cholitas » , les femmes aux habits traditionnelles ou encore celle des offrandes à la déesse de la terre « Pachamama ». Quelques histoires bien rigolotes que nous gardons en souvenirs. Toutefois, j’ai eu le sentiment que notre guide « embellissait » tout ce qu’elle racontait. Je vous donne un exemple : nous avons commencé le tour dans un parc à côté d’un immense bâtiment. Eh bien figurez-vous que cette bâtisse n’était autre que la prison de San Pedro, l’une des plus dangereuses du monde. Je n’en revenais pas. Nous étions en plein centre-ville, dans un joli parc où des enfants jouaient sans se douter qu’à côté de nous logeaient les plus dangereux criminels. Encore plus fou, la prison n’est pas gérée par la police, elle s’auto-organise à l’interne entre les détenus…    Les plus forts dirigent et les derniers arrivés obéissent aux ordres. Les familles des prisonniers vivent également à l’intérieur. Les femmes, les enfants, tous baignent dans ce lieu regroupant drogue, argent et pouvoir…. Toutes ces explications nous ont été en partie fournie par notre guide qui ne paraissait absolument pas terrifié de nous dire qu’un prisonnier s’était enfui deux jours auparavant. Tout cela semblait normal. Avec un grand sourire, la guide nous a affirmé que tout était sous contrôle ( alors qu’on avait tous compris que non). Dès cet instant, j’ai repensé aux mensonges soupçonnés de notre guide à Uyuni et j’ai vite compris que je ne devrais pas croire tout ce qu’on me raconte au sujet de ce pays… 

PS: pour les curieux, il y a beaucoup d’informations sur la prison de San Pedro sur le net, je vous recommande le documentaire sur YouTube (âmes sensibles s’abstenir)

Malgré cela, nous avons quand même découvert de jolies rues et quartiers colorés dans les hauteurs de la ville.

L’une des chose que j’ai le plus apprécié a été  de prendre les télécabines pour se déplacer. Avec cela, nous avons eu une vue incroyable sur la ville et sa densité.

Après cette semaine à la capitale, quelque peu mitigée, nous avons décidé de nous rendre 2 jours à Copacabana (pas encore au Brésil) au bord du lac Titicaca. Cette région est à la lisière du Pérou. En temps normal, il y a énormément de touristes qui s’y rendent pour traverser la frontière. Cependant, au vu de la situation au Pérou, la ville était presque morte et il s’en dégageait une drôle d’atmosphère . Seuls quelques touristes téméraires avaient fait le déplacement. 

Qu’est-ce qu’on a fait là-bas ? Eh bien…. RIEN . J’ai été malade pendant les 2 jours. Je n’ai rien vu, rien visité à part mon lit et la salle de bain de mon auberge… 😅😅 Le tout en doudoune car il n’y avait pas de chauffage. Un super séjour !

Nous avons continué notre route bolivienne direction la jolie ville coloniale de Sucre. Ici il y a nettement moins de monde ! Les gens sont un peu plus ouverts et cordiaux. Une grande partie des bâtiments sont issus de l’époque des colons espagnols. Comme pour La Paz, nous avons fait un tour guidé de la ville pour en apprendre davantage. Directement, j’ai remarqué que les langues des locaux étaient plus « déliées » (Ce qui n’était pas le cas dans la capitale). Le guide s’est ouvert à nous en parlant de la situation politique et en donnant son avis. Nous avons senti un amour inconditionnel pour son pays et ses origines mais également du dépit et un sentiment d’impuissance vis-à-vis de la gestion gouvernementale.
Bien que la visite et les informations furent très intéressantes, nous avons quand même assisté à un « embellissement » de la situation. Le guide nous a parlé de l’exploitation des mines d’argent, l’une des plus grandes richesses du pays. À cause de la dangerosité des lieux et des outils utilisés, plusieurs ont fermé. Selon lui, celle de Potosi, l’une des plus connues, aurait en effet arrêté son activité et serait seulement ouverte aux touristes. Après cette affirmation, une personne du groupe a demandé au guide s’il était sûr de ce qu’il avançait. Un peu dérouté, il a acquiescé que l’exploitation des mines de Potosi n’était plus en fonction. À cet instant, un grand silence s’est installé . La touriste s’est exclamée :

«  Vous êtes vraiment sûr ?! Car j’étais à Potosi il y a deux jours et j’ai visité les mines avec un guide qui m’a affirmé que les mines étaient toujours en activité. Il y a même eu un ouvrier mort quelques heures avant notre arrivée ». 

Qui croire ? 😂 Encore une fois, nous ne savions pas vraiment ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas. 

Malgré cette petite altercation, nous avons apprécié la visite de Sucre. 

Après deux semaines et demies dans le pays, nous avons décidé de redescendre dans le Nord de l’Argentine. Les mensonges, les regards, les enfants dans la rue, les mendiants, les quartiers pauvres, tout cela m’a marqué à jamais. À aucun moment je me suis sentie la bienvenue dans ce pays. C’est dans ce genre de moment qu’on se rend compte de la chance que nous avons de vivre en Suisse (et en Europe en général). 

Je sais qu’il y a énormément de parcs naturels, randonnées et lieux historiques à visiter en Bolivie. Toutefois, je ne me sentais pas du tout à l’aise de parcourir le reste du pays.😬 

Après notre deuxième halte en Argentine, nous sommes actuellement au Brésil. Une destination qui, pour ma part, est déjà un coup de cœur. Mais ça, on en parlera dans le prochain article !😉

J’espère que mes lignes vous auront plu.

À bientôt !

Juju